Que dire d'un artiste qui a déjà (à l'âge de 50 ans) réalisé plus de 10000 travaux lyriques, dans la peinture ou dans la sculpture et la conception "fonctionnelle" que certains aiment appeler "l'installation environnementale" ? On pourrait dire qu'il est remarquablement prolifique tandis que d'autres déclareraient que Philippe Aïni reste profondément humain dans n'importe quelle entreprise artistique qu'il entreprend. Cet artiste français et international, autodidacte et intelligent, a commencé à peindre des portraits visionnaires et fortement caricaturaux à l'âge de 22 ans. Il avait justement observé, déjà, que quelque chose était faux dans le monde où il vivait et s'est tourné vers ses rêves prophétiques, d'expressionniste, où les humanoïdes gouvernent la planète et s'accouplent de temps en temps, levant parfois leurs silhouettes animistes au niveau visuel de Christ tombé qui a mérité d'être ressuscité. Parfois cette créature Divine s'est trouvée être l'image érotique d'une femme, et parfois même celle d'un cadavre démembré comme dans sa peinture "Unijambiste".
Il fut un temps où l'artiste ne savait même pas qu'il était un créateur, et où, rendu fou par la rage, il déchirait "la substance dont les rêves étaient faits", c'est-à-dire son matelas, pour en enlever la bourre et en faire des sculptures. Et parfois la colère plus grande encore, emmenait Aïni en de nombreux voyages, ailleurs, au royaume de totems et d'aborigènes qui ont enrichi son travail d'expressions dramatiques que nous trouvons dans ses représentations autochtones, comme sa première sculpture, d'un voyage, intitulée "Chameau". Il peindrait certaines de ces créatures avec des couleurs brillantes et certaines -particulièrement dans ses premiers travaux- dans des tons monochromatiques. Presque tous ont des visages déformés avec une expression très douloureuse.